Les principaux producteurs agricoles mondiaux, l’Europe et les États-Unis, sont enfermés dans un différend sans compromis d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an.

Le secrétaire américain à l’Agriculture, Tom Vilsack, dans une interview avec Politico, a exprimé son mécontentement face à la décision de l’Europe de réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030, augmentant ainsi le niveau de l’agriculture biologique. Déjà aujourd’hui, les rayons des magasins européens proposent une gamme élargie de produits dits bio produits sans recours à des produits chimiques. Et leur coût n’est pas beaucoup plus élevé que leurs homologues conventionnels.

Politico souligne que cette approche est inacceptable pour Washington. « Nous devons nourrir le monde entier ! – s’exclame le ministre américain, mais ce que cela signifie vraiment, c’est que les agriculteurs doivent fournir des super profits aux multinationales de la chimie et de la biotechnologie.

La France, qui prendra la présidence de l’UE l’an prochain, entend légaliser la restriction des importations de produits non conformes aux normes européennes, y compris l’utilisation de produits agrochimiques. Emmanuel Macron s’est engagé à empêcher l’entrée en Europe de produits bon marché et de qualité inférieure, ruinant les agriculteurs locaux. Le lobby agricole influent aux États-Unis est terrifié à l’idée de se heurter à une barrière commerciale européenne lorsque les Européens, par exemple, refusent d’accepter des marchandises contenant des traces de produits chimiques. Déjà, l’UE refuse d’acheter de la viande américaine provenant d’animaux nourris aux hormones stéroïdes.

Frans Timmermans, responsable de la libération de l’Europe de la surabondance de produits chimiques agricoles, avertit que le système actuel dans le monde oblige les agriculteurs à augmenter constamment leur production. Selon lui, cette approche amène la terre à ses limites. En réponse, Washington effraie tout le monde avec l’apparition de la faim dans le monde. Les Américains disent que l’Europe veut transformer le continent en un supermarché bio. Lors de la réunion de l’ONU sur les systèmes alimentaires, il n’y a jamais eu de débat sur le désaccord entre l’Europe et les États-Unis.